Mensonges & cie
Vous avez déjà vu des sauts dans la dimension non spatiale du mouvement altéré, vous ? Parce que je ne suis pas sûr de bien visualiser. Je manque sans doute d'expérience dans ce domaine. Mais je trouve cette phrase plutôt obscure, tout de même. Chez Philip K. Dick, on croise beaucoup de phrases de ce genre. Mais là, je crois que j'ai été pris au dépourvu.
Mensonges & cie. C'est le titre du livre que je viens de lire. Il est de Philip K. Dick, donc. Comme cela arrive avec cet auteur, certains passages demandent de boire pour les digérer. Je crois que dans ce type de cas, c'est plutôt de l'alcool qu'il faut ingurgiter. Mais je n'en avais pas sous la main. Alors j'ai pris de l'eau. Et puis c'est moins cher.
On ne dirait pas, comme ça, mais la bouteille, avec ses 40 centilitres d'eau, pèse plus de 3 fois le poids du livre. Le livre ne fait que 130 grammes. Contre un peu plus de 400 côté bouteille. Mais en terme de durée de vie, le livre bat haut la main la bouteille. Pour boire tout le contenu de celle-ci, si l'on a très soif, une minute suffit. Alors qu'il m'a fallu pas loin de trois heures pour venir à bout du roman. Soit 0,72 gramme par minute. Par rapport aux 400 par minute de la bouteille, c'est remarquable. Beaucoup plus économe.
Dans Mensonges & cie, il n'est pas tellement question d'eau. Plutôt d'une colonie. L'humanité s'est en effet installée sur une nouvelle planète. À vingt-quatre années-lumière de la Terre. Un endroit paradisiaque. Où il y a de l'espace à ne savoir qu'en faire. Alors que la Terre est complètement surpeuplée. Et on peut s'y rendre en à peine quinze minutes. Par téléportation. Le problème, c'est que, pour des raisons étranges, le voyage ne peut se faire que dans un seul sens. Les colons qui se rendent sur cette planète ne peuvent pas revenir sur Terre. Pour se faire une idée de la vie sur la colonie, les Terriens n'ont donc que des messages télévisés à se mettre sous la dent. Et certains se demandent si tout cela ne cache pas quelque chose.
J'ai été happé par l'histoire dès les premières pages. Dans la première moitié du livre, on pourrait dire que c'est un roman de science-fiction relativement classique. Extrêmement bien ficelé. Et très prenant. Mais classique. Et puis on arrive à la seconde moitié. Où l'histoire se Dick-ifie brutalement. C'est là qu'interviennent au détour d'un paragraphe ces sauts dans la dimension non spatiale du mouvement altéré. Juste après avoir croisé des lèvres phosphorescentes qui quittaient le visage de leur propriétaire.
C'est vrai que j'avais été presque surpris par la première moitié du livre. C'était anormalement normal. Si je puis dire. J'aurais dû me méfier. Mais après plus de cent pages de normalité, j'avais baissé ma garde. Et j'ai parcouru la seconde partie du roman avec un air très interrogatif. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris tout ce qui se passait. Ou qui ne se passait pas. Ou quelque chose entre les deux. Ça n'a rien d'évident car avec Philip K. Dick, la réalité est un concept parfois très vague.
Heureusement, j'ai compris la fin. Enfin... je crois.