Un Tunnel pour Londres

Ça fait longtemps que je n'ai rien publié sur ce blog. Plus d'un mois. C'est long, un mois. Mais j'étais occupé. Occupé à être malade. Ce n'est pas vraiment mon occupation favorite. Mais on n'a pas voulu me laisser le choix. La maladie a refusé de négocier.

Heureusement, je n'ai pas été occupé seulement à être malade. Une fois guéri, je suis parti en vacances. Ce qui est déjà nettement plus agréable, comme occupation. Je suis parti pendant une semaine. Avec Sophie, bien sûr. Des vacances sans Sophie, ce serait triste. On est allés à Londres.

Sophie et moi, on était très excités à l'idée d'aller à Londres. Déjà à cause du tunnel sous la Manche. On ne l'avait jamais pris. Et l'idée de passer sous une mer nous paraissait vraiment géniale.

Une fois sur place, on s'est vite rendu compte que si l'idée est excitante, le tunnel en lui-même l'est beaucoup moins. Regarder du noir défiler sur cinquante kilomètres, ça lasse.

Le seul instant un minimum enthousiasmant, c'est quand on rentre dedans. Mais pour ne pas louper ça, il vaut mieux avoir fait du repérage avant. Pour savoir à quoi ça ressemble devant l'entrée. Parce que ça va vite. On est dans la campagne. On voit les champs défiler. Comme c'est le cas depuis plus de deux cents kilomètres. Et puis d'un coup, c'est tout noir. À ce moment-là, c'est trop tard.

Par chance, j'avais un vague souvenir de la tête qu'avait l'entrée du tunnel. Alors j'ai pu faire signe à Sophie pour qu'elle ne la loupe pas.

Une fois sous terre (ou sous mer), pour trouver ça impressionnant, il faut beaucoup d'imagination. La masse de terre et d'eau située au-dessus de nos têtes est impressionnante uniquement pour celui qui y pense. Et c'est dur d'y penser en continu pendant les trente minutes de la traversée. Il n'y a pas grand-chose de visible qui puisse nous la rappeler. D'ailleurs, il n'y a rien de visible.

J'ai quelques souvenirs de la construction du tunnel. Ils en parlaient à la télévision, de temps en temps. Surtout vers la fin des travaux. Et puis pour l'inauguration, bien sûr. En mai 1994. À une petite poignée de jours près, on a emprunté le tunnel sous la Manche pile vingt ans après.

On est très contents de l'avoir pris. Mais je crois que j'ai tout de même préféré Londres au tunnel. Il y avait plus de choses à voir. Big Ben. Le Tower Bridge. L'abbaye de Westminster. Le palais de Buckingham. Et les passages piétons.

Les passages piétons londoniens sont remarquables. D'abord à cause des voitures qui roulent à gauche. Qui obligent donc à regarder à droite. Paradoxalement. Et puis à cause des feux. Les feux rouges express. Ils ne sont pas tous comme ça. Mais quand un piéton tombe sur l'un d'eux, il doit être très réactif.

Le mode d'emploi de ces feux express est assez déroutant, la première fois. D'abord, si le piéton n'est pas au bord de la route en train de surveiller le feu au moment où celui-ci passe au vert pour lui, il ne doit pas tenter de traverser. Il passera au tour suivant. Une fois le piéton à son poste devant le passage, il doit fixer le feu. De préférence sans cligner des yeux. Puis, quand le feu passe enfin au vert pour lui, le piéton a une demi-seconde pour réagir. Et foncer. S'il est suffisamment rapide, il aura juste le temps d'atteindre le milieu de la route avant que le feu des piétons ne repasse au rouge. Sauf qu'il n'y a pas d'espace au milieu pour permettre aux piétons de traverser en deux fois. Ce serait beaucoup trop facile. L'étape suivante consiste donc à courir jusqu'au trottoir en face avant que les voitures ne démarrent.

Histoire de se sentir un peu à l'abri, Sophie et moi, on traversait toujours vers la droite des passages, en prévision de la seconde étape de la traversée. Pour que les piétons plus à gauche fassent tampon entre nous et les voitures.

Les passages piétons ne sont pas exactement ce que j'ai préféré à Londres. Sauf si on compte celui d'Abbey Road. Mais celui-là, ce n'est pas pareil. Puisque c'est le passage piétons le plus célèbre du monde. Il est tellement célèbre que même les Beatles ont été s'y faire photographier.

Étonnamment, le passage piéton d'Abbey Road est resté très modeste. Malgré sa notoriété écrasante. Les passages piétons savent rester simples.