Les MGLT

C'est assez étrange, comme unité, les MGLT.

Ce week-end, avec Sophie, on a été dans un magasin géant. D'habitude, on fait nos courses dans un tout petit supermarché. Mais on avait besoin d'acheter une nouvelle poêle. Et il n'y a pas de poêles dans notre petit supermarché.

Je me demande à combien de MGLT ça peut voler, une poêle. Sans doute pas beaucoup. Et a priori pas longtemps non plus. Sauf une poêle à moteur, éventuellement. Après tout, rien n'interdit d'équiper sa poêle d'un système de propulsion. Mais ces poêles-là semblent plutôt rares.

Le magasin géant n'est pas si loin mais il faut du temps pour l'atteindre. Il faut prendre le train. Ensuite, il y a un bon quart d'heure de marche. On n'y va que lorsqu'on ne peut vraiment pas faire autrement. Mais notre vieille poêle ne nous a pas laissé le choix.

Notre vieille poêle n'avait pas de moteur. Et encore moins un système de propulsion. En fait, je n'ai jamais cherché à la faire voler. Je préfère les vols de Super Meuh. C'est plus gracieux.

Comme il a fallu faire une grande expédition pour avoir notre nouvelle poêle, on s'est offert des cadeaux en récompense. Sophie a pris une peluche. Une chouette. Toute ronde. Et moi une boîte de Lego.

Je reconnais que la grâce de Super Meuh en vol est très relative. Mais comparé à une poêle, Super Meuh s'en sort bien. Et puis elle atterrit nettement moins brutalement. Et moins bruyamment. À l'atterrissage, une poêle ne fait pas tellement dans la délicatesse. Alors que Super Meuh, même en faisant une chute de cinq mètres, elle ne fait pas de bruit en touchant le sol. Ou juste un léger « pof ». La poêle, après cinq mètres de chute, il faudrait plutôt s'attendre à un « BWOUUUUIINNNNG ». Ou quelque chose dans ce goût-là. Les poêles sont beaucoup moins discrètes que les peluches.

Sophie ne veut pas que l'on fasse voler sa chouette. Super Meuh peut voler mais pas la chouette. Elle a peur qu'elle se fasse mal.

J'ai rarement vu une peluche se faire mal. Mais je peux comprendre. Car moi non plus, je ne veux pas que l'on fasse voler mon intercepteur TIE. J'ai le sentiment qu'il résisterait assez mal à l'atterrissage.

Mon cadeau, c'était une boîte de Lego Star Wars. Un petit intercepteur TIE. D'après Wikipédia, un intercepteur TIE peut voler à une vitesse de 120 MGLT. Ou 130. Selon le côté de la page que l'on regarde. Ou encore seulement 111, selon Wookieepedia. Mais dans tous les cas, je ne suis pas sûr de savoir ce que cela veut dire.

Dans l'épisode IV de Star Wars, Un Nouvel Espoir, il semble qu'à un moment on puisse voir à bord de l'Étoile noire la distance entre la station spatiale et la planète Alderaan affichée sur un écran. En mégalight. Ou MGLT, en abrégé. Et dans certains jeux vidéos Star Wars des années 90, les vitesses sont affichées en MGLT par heure.

Les MGLT seraient donc une unité de distance. Dans ce cas, une vitesse de 130 MGLT pour mon intercepteur TIE n'a pas tellement de sens. Pas plus qu'une vitesse de trente kilomètres.

Peut-être que sur les écrans des vaisseaux, il n'y avait pas la place pour écrire « par heure » après « MGLT ». Alors on a pris l'habitude d'écrire seulement MGLT. En sous-entendant le « par heure ».

D'après ce qu'on voit dans ces jeux vidéos des années 90, un MGLT par heure, c'est à peu près égal à un mètre par seconde. Mon intercepteur TIE pourrait donc aller à 130 mètres par seconde.

Un A380, ça vole à 300 mètres par seconde. Un Mirage, à plus de 600 mètres par seconde. Si un intercepteur TIE faisait la course avec un de nos avions de chasse, il se ferait assez lamentablement écraser.

C'est vrai que le TIE, lui, il évolue dans l'espace. Ce qui change pas mal de choses.

Les modules Apollo dépassaient les dix kilomètres par seconde. Et Voyager 1 se promène actuellement à dix-sept kilomètres par seconde. Si un TIE voulait essayer de faire la course avec la sonde, c'est à peine s'il aurait le temps de voir Voyager partir en une fraction de seconde à des kilomètres de lui.

Si Voyager 1 se dirigeait vers Proxima Centauri, l'étoile la plus proche de nous, elle mettrait soixante-quatorze mille ans pour l'atteindre. Le TIE, pour le même trajet, il mettrait plutôt quelque chose comme dix millions d'années. Et je ne sais pas si vous avez remarqué mais les TIE ne sont pas spécialement spacieux. On n'a pas l'air de pouvoir quitter son siège. Déjà qu'au bout de trois heures à rester assis, j'ai mal aux fesses. Dix millions d'années, ça va faire long.

J'ai lu ailleurs qu'une vitesse de cent MGLT correspondrait à cent fois la vitesse de la lumière. C'est déjà nettement plus impressionnant que les cent mètres par seconde de tout à l'heure. Mais j'ai des doutes. J'ai des doutes parce que notre TIE, à cent trente fois la vitesse de la lumière, je ne vois pas très bien comment on pourrait le piloter. Ne serait-ce que parce que le pilote ne pourrait rien voir. Et puis, même à cette vitesse, pour traverser la galaxie, c'est plutôt lent. D'après ce qu'on peut trouver sur la toile, il y a entre soixante et soixante-dix mille années-lumière entre Coruscant et Tatooine. Notre TIE mettrait entre 460 et 540 ans à parcourir cette distance.

Heureusement, notre intercepteur TIE n'est pas censé traverser la galaxie de lui-même. Il n'a pas d' « hyperpropulseur ». Il n'est donc pas censé dépasser la vitesse de la lumière. La bonne définition des MGLT serait donc la première. Et tous les vaisseaux de Star Wars iraient à des vitesses aux alentours de cent mètres par seconde.

La première fois qu'un avion a atteint les cent mètres par seconde, c'était en 1923.