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Le Blog de René 2.0
24 janvier 2014

Trains gravitationnels

Sauter dans le vide n'est pas une activité qui sonne si haute technologie que ça.

Ce matin, avec Sophie, on a parlé de trains gravitationnels. Certains matins, on parle d'Uranus. Aujourd'hui, c'était de trains gravitationnels. Uranus ne peut pas avoir le monopole de nos conversations.

Contrairement à un saut dans le vide, un train gravitationnel, ça sonne très haute technologie. Voire même science-fiction. Uranus peut avoir un certain écho science-fiction. Mais ne sonne sûrement pas haute technologie. Uranus, ça fait surtout très planète. Ce qui tombe bien, vous remarquerez.

Le train gravitationnel sonne très haute technologie alors que son principe de fonctionnement n'est pas d'une technicité extrême. Puisqu'il s'agit essentiellement de sauter dans le vide. En croisant les doigts pour que l'atterrissage ne soit pas trop brutal.

On pourrait installer des ascenseurs utilisant le principe des trains gravitationnels dans les gratte-ciel. Mais certains ont trouvé que l'espérance de vie des usagers de tels ascenseurs diminuait de façon légèrement trop dramatique. Et puis c'est un type d'ascenseur qui a quelques difficultés à s'arrêter aux étages intermédiaires entre ses points de départ et d'arrivée. Une fois lancé, l'ascenseur gravitationnel ne prête en effet qu'assez peu attention aux sollicitations qui viennent des niveaux inférieurs. Ces ascenseurs-là se contentent de foncer. Et ne s'arrêtent qu'une fois arrivés tout en bas. L'avantage, c'est que le temps de parcours pour aller du sommet du bâtiment au rez-de-chaussée est nettement plus court qu'avec un ascenseur classique. Malheureusement, les passagers sont rarement en bon état à l'arrivée.

À titre personnel, j'aurais tendance à déconseiller l'usage d'un ascenseur gravitationnel à toute personne qui estime avoir probablement encore plusieurs dizaines d'années devant elle. En revanche, si votre cœur a cessé de battre et qu'il ne vous reste plus que deux secondes et demie à vivre, vous pouvez tenter l'expérience. Mais j'espère pour vous que vous n'êtes pas trop pointilleux sur le contenu exact de votre futur cercueil. Parce qu'il est possible que des bouts de l'ascenseur s'y invitent. Et inversement que des petits bouts de votre personne s'invitent à la décharge.

L'inconvénient des ascenseurs gravitationnels est donc leur arrêt quelque peu brutal une fois arrivés à destination. Mais il existe une solution simple. Puisque le seul problème vient de l'entrée en contact de l'ascenseur avec le sol, il suffit de supprimer le sol. Et donc de creuser un trou. Profond. Très profond. Tellement profond qu'on finirait par arrêter de descendre. Pour remonter de l'autre côté de la planète. Jusqu'à atteindre la surface. Il n'y aurait alors plus de sol malvenu contre lequel notre ascenseur pourrait s'écraser. Bon, évidemment, si vous vouliez simplement descendre de votre gratte-ciel, vous ne seriez pas très avancé. Sauf si vous aviez une envie secrète de visiter l'autre bout du monde. Pour ceux qui auraient une envie secrète de ce genre, ces ascenseurs pourraient effectivement être très pratiques. Même si leur envie n'est pas secrète, d'ailleurs.

Si on installait un de ces ascenseurs gravitationnels à Paris, une fois monté dans la cabine et lâché, on se mettrait à tomber... tomber... et tomber... pendant plus de vingt minutes... jusqu'à atteindre le centre de la Terre. Et là, emportée par son élan, la cabine remonterait de l'autre côté. Et arriverait, au bout de vingt autres minutes et s'il n'y a pas trop de frottements en chemin, exactement à l'autre bout du monde. C'est-à-dire en plein océan Pacifique. À un gros millier de kilomètres au large de la Nouvelle-Zélande.

Je crois que si on partait de Paris, il vaudrait mieux être bon nageur. En fait, de façon générale, si on partait d'Europe, être bon nageur serait relativement indispensable. Puisqu'on arriverait presque systématiquement au beau milieu de nulle part. Un nulle part très aquatique. Mais si des européens voulaient visiter l'océan Pacifique, ils seraient servis. Les australiens, eux, pourraient visiter l'océan Atlantique. Et depuis les États-Unis, on plongerait dans l'océan Indien.

Les ascenseurs gravitationnels pourraient être un moyen intéressant de partir visiter les fonds marins. Mais il ne faudrait pas oublier son équipement de plongée. Sans ça, vous auriez de fortes chances de mourir noyé. Si vous vous sentez capable de nager en apnée les quelques kilomètres qui vous sépareraient de la surface, vous pourriez tenter de partir sans rien. Mais je vous encourage dans ce cas vivement à aller vous faire chronométrer de façon officielle. Car vous pulvériseriez alors assez largement n'importe lequel des records du monde de natation.

Pour ceux qui auraient peur de boire la tasse, il faudrait choisir plus soigneusement le point de départ afin d'éviter de plonger dans des océans à tout bout de champ. On pourrait par exemple creuser notre trou sans fin dans la capitale du Chili. Santiago. Ça nous ferait arriver au beau milieu de la Chine. Destination notablement plus attirante pour les aquaphobes qu'un nouvel océan.

Depuis l'Amérique du Sud, globalement, on arriverait plus facilement sur la terre ferme. En construisant notre ascenseur au Brésil, en visant bien, on pourrait ainsi atteindre Manille, la capitale des Philippines. Il faudrait partir quelques centaines de kilomètres à côté de Brasilia. En comptant avec soin les kilomètres. Sans quoi on risquerait d'arriver entre deux îles. Et de devoir finir notre voyage à la nage.

Depuis l'Europe, le choix des destinations serait plus restreint. En faisant démarrer notre ascenseur non loin de Madrid, on pourrait arriver en Nouvelle-Zélande. À Wellington. Là encore, une grande précision serait requise sur le non loin. Si le non loin n'était pas compté avec soin, vous devriez une fois de plus nager pour rejoindre la terre.

En dehors de Wellington, on ne pourrait pas atteindre grand chose, en partant d'Europe. Mis à part l'océan Pacifique, évidemment. Qui est une grande chose, à dire vrai. Mais qui n'a pas un aspect continental très convaincant. Et ne nous intéresse donc pas ici. Mais il ne faut pas se plaindre. Pour l'Afrique, c'est bien pire. La position symétrique du continent africain est très exactement occupée par le rien du tout se situant au cœur de l'océan Pacifique. Hormis quelques pointillés sur la carte, les aquaphobes africains n'ont pour ainsi aucune destination possible qui puisse les faire rêver.

S'ils ont le goût du risque, les soudanais pourraient à la limite tenter, en partant de leur capitale, Khartoum, de compter les grains de sable en marchant vers le nord-ouest. En s'arrêtant au bout de quelques centaines de millions de grains de sable et en construisant un ascenseur gravitationnel dans ce coin-là, avec beaucoup de chance, ils pourraient atteindre un des pointillés de la carte. Papeete. À Tahiti. Et faire un coucou à René. Pas moi, l'autre. L'autre René. Même s'il n'habite pas à Tahiti même.

Vous ne voyez pas de quel René il est question ? C'est dommage. J'en ai beaucoup parlé dans mon premier blog. Vous ne l'avez donc pas lu. Enfin, je ne vous en veux pas. Personne n'est parfait.

Si René se mettait à creuser un trou jusqu'à l'autre bout du monde, il tomberait quelques centaines de millions de grains de sable supplémentaires à l'ouest de l'ascenseur dont on vient de parler. Ou quelques centaines de kilomètres supplémentaires. En fonction de votre unité de mesure favorite.

Pour ma part, j'ai une préférence pour les kilomètres. Je me suis laissé dire que les grains de sable n'étaient par une unité de mesure de distance des plus pratiques.

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